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4.5
Après Mon petit doigt m’a dit, Pascal Thomas livre une œuvre, certes fantaisiste et joviale, mais esthétiquement périmée, qui, au sein de son sympathique triptyque consacrée à l’auteure britannique, dénote.L’argument : Bélisaire et Prudence Beresford se reposent dans leur petit château qui domine le lac du Bourget. Bélisaire est heureux, mais Prudence s’ennuie. Elle rêve d’une bonne fée, qui les propulseraient dans des aventures truffées de mystères... Cette bonne fée lui apparaît sous les traits de sa tante belge Babette, qui assiste à un crime horrible de la fenêtre d’un train. Malgré le scepticisme de Bélisaire, Prudence part à la recherche du cadavre. Elle se fait engager comme cuisinière dans un inquiétant château, où est réunie une bien curieuse famille, composée d’un vieillard irascible et de ses quatre enfants, et où d’authentiques sarcophages recèlent de bien étranges surprises...Notre avis : Après les succulents Mon petit doigt m’a dit et L’heure zéro, Pascal Thomas poursuit son exploration fantaisiste de l’œuvre d’Agatha Christie et nous offre un nouvel hymne à la gloire de l’humour noir stylé de la romancière. Mais l’adaptation, pourtant très attendue, est sans surprise ; elle tend même à la répétition (si on ajoute l’incursion récente de Bonitzer (Le grand alibi) dans sa démarche narrative et ses touches d’humour artificielles. Très vite, dès la mise en place de l’intrigue, un sentiment de piétinement surgit, assez étonnant dans la carrière d’un cinéaste dont l’évolution sur trois décennies a été jusqu’à présent toujours placée sous le signe de la fraîcheur et de la nouveauté. Une impression accentuée par le côté « suite » de l’entreprise, puisque l’on célèbre nos retrouvailles cinématographiques avec le légendaire duo farfelu que forment Prudence et Bélisaire Beresford, immortalisé par le couple Catherine Frot - André Dussolier dans le salvateur Mon petit doigt m’a dit. Le désaveu n’est pas cinglant, puisque placé sous le signe de la comédie macabre légère, l’on suit les péripéties de nos deux détectives retraités, avec un amusement certain. Les deux comédiens, compagnons de bonne fortune, en font des tonnes pour tirer le scénario vers le burlesque de charme, gentiment cocasse et irrésistiblement insolent, mais les efforts de chacun, y compris du cinéaste, qui est toujours aussi soucieux de nourrir l’atmosphère et de soigner sa réalisation, sont ébranlés par une photographie vieillotte, pas très heureuse, parfois même hideuse, qui gâche quelque peu notre plaisir. Le crime de lèse majesté étant fort heureusement évité, Pascal Thomas devra, à l’avenir, mettre le cap vers d’autres horizons s’il ne veut pas perdre une partie de son public, las de cette surexploitation d’un genre décidément trop balisé.